
ZOMBIE
«Il faut sortir de la loi du marché qui va perdre ce monde en en faisant une énorme boutique où les uns vendent et les autres achètent et où les rares qui ne vendraient ni n’achèteraient rien seraient quelques clochards sous les porches ».
Propos de Frère Michel Potay (« La Révélation d’Arès »)
Blog de Frère Michel Potay: www.michelpotayblog.net
10 octobre 2020
Blog de Frère Michel Potay: www.michelpotayblog.net
Je devais me rendre dans la capitale à la Fnac des Halles pour acheter une nouvelle édition de « la Révélation d’Arès *¹», laquelle était la seule à avoir ce livre en stock de toute la région parisienne, site internet consulté. Porte ouverte, refermée, deux tours de clé, trois étages plus bas, je sors, une rue à gauche, une rue à droite qui descend, je croise des gens qui montent, la caserne des pompiers, une boulangerie, un chantier – les immeubles poussent comme des champignons à Montreuil – je m’engouffre dans la station de métro qui m’avale dans son tunnel, un homme me dit qu’il a oublié son parapluie, je lui dis machinalement — ce n’est pas grave —, on descend, les néons jettent une lumière si faible qu’ils en ont du mal à éclairer les marches, un couloir crasseux, une femme est assise par terre adossée au mur, son enfant dans ses bras, une main tendue, je donne, – je mets toujours de la monnaie dans ma poche, exprès – puis les portillons, le quai est spacieux. J’attends. Sur le quai d’en face, Il y a une femme qui me fait un large sourire; elle m’invite à voyager, « des envies, des projets ? » peut-on lire sur l’affiche. Deux mètres plus loin, une troupe de patineurs m’invite à leur spectacle enchanteur. – Les prix ne sont pas indiqués –. Dessous, un clochard. La rame arrive, nous montons. Je m’assois. Des têtes penchées sur leur smartphone. Je me sens un peu idiot, je n’ai pas de smartphone, je n’ai pas pris mon livre, je tourne la tête à droite, à gauche, je regarde à travers la vitre. Des regards se croisent, s’évitent tout aussitôt. Les stations défilent. Une main se tend sous mon nez, je lève la tête, une très gracieuse jeune femme, « Syrienne » peut-on lire sur son carton; je donne. Porte de Montreuil, Maraîchers, Buzenval…, le ronron de la rame, à chaque arrêt le conducteur annonce d’une voix douce la prochaine station. Je me demande comment fait-il pour garder ce ton agréable les jours où rien ne va pour lui, car jamais je n’ai surpris le moindre énervement dans ces annonces. Ou alors c’est une voix préenregistrée ? Tiens, je n’y avais jamais pensé… Un homme dort la tête dans ses bras. Baskets aux pieds, jean troué, vingt-cinq, trente ans. C’est vrai que le ronron du wagon prête à la somnolence. En face de lui, une petite femme rondelette qui vient de monter dans la rame, s’est assise à ses côtés, tête baissée, assez jeune, brune, les yeux plongés dans son smartphone, vêtements sombres… Enfant, le nez toujours collé à la vitre, je ne pouvais pas détourner mon regard de cet obscur boyau très sombre plein de mystères dans lequel j’étais entraîné. Je devenais l’explorateur fasciné par cet univers où toute réalité semblait être avalée. Une rame pouvait surgir en un éclair en sens inverse venant jeter sa lumière crue à ma face, puis disparaître tout aussitôt dans la pénombre... Station Charonne. Je descendrai à République. Le reste, je le ferai à pied, jusqu’aux Halles en passant par Beaubourg. Les mêmes sourires engageants sur les affiches qui veulent tous me vendre quelque chose. Des gens descendent, montent, mais ça, vous le savez. Le métro est une vraie fourmilière, avec ses couloirs où tout le monde se suit, où tout le monde se croise, tous absorbés. Moi, j’ai du mal à m’absorber. Je voudrais plutôt m’envoler. Et puis je commence à être mal à l’aise dans ce silence obstiné. Seul le doux bruit que fait la rame arrive à briser quelque peu cette oppression. Les stations défilent. Voltaire,..Saint-Ambroise,.. Oberkampf,... pour enfin arriver à République. Je me lève – Pardon madame – elle se redresse sur la banquette tout en inclinant ses jambes de côté, la tête toujours plongée sur son smartphone, je descends, puis ce sont de longs couloirs qui s’enchaînent, escaliers, vendeurs ambulants, toujours les mêmes sourires collés sur les murs, petits pas pressés, mendiants pas du tout pressés qui respirent le métro à pleines bouteilles, et puis l’air libre. ... Sur ma droite la grande place de la République, avec quelques grappes disséminées de gens qui semblent attendre, ses skateurs que je vois sauter puis retomber en apesanteur, un guitariste remballe sa guitare et son ampli. Je prends à gauche par la longue rue du Temple. D’habitude je prends le temps de flâner en me perdant dans le dédale des ruelles très étroites en direction de la Seine, mais avec le temps gris aujourd’hui et les pluies intermittentes, je préfère emprunter au plus vite les larges trottoirs du boulevard de Sébastopol. Je peux alors, les mains dans les poches, ne plus suivre le flot qui vous presse toujours d’aller plus vite. Je prends mon temps, je glisse ma nonchalance dans le silence des voitures qui passent, que j’aperçois à peine. Peu à peu, tout s’efface, les vitrines, la pluie, les gens. Je ne serais pas plus seul dans le désert qu’ici. Et ce n’est pas pour me déplaire quand il ne reste, mêlé à la grisaille des murs et du temps que le reflet de mon image sur le trottoir luisant de pluie.…Puis surgissent les tuyauteries, leurs gueules grandes ouvertes vers le ciel, centre Beaubourg en face de moi, je glisse à droite dans la partie piétonne de la rue Rambuteau – sacrés souvenirs qui hantent encore le N° 24 situé de l’autre côté du boulevard Sébastopol où j’habitais, la grande porte bleue lourde à pousser – , c’est alors un fouillis de petites échoppes serrées les unes contre les autres, toutes bariolées, cheveux verts ou rouges couleurs criardes, fringues dernier cri, kebabs, – tout le monde fait sa pub magasins et badauds – , terrasses couvertes où l’on fume, puis tout au fond la grande place spacieuse au pied des Halles. Il ne me reste plus qu’à atteindre l’entrée Rambuteau et ses escaliers roulants pour me laisser glisser dans ce ventre où tout s’achète et tout se vend.
— Bonjour Monsieur, connaissez-vous Greenpeace ? me demanda un jeune homme avec un beau et franc sourire devant l’entrée des Halles.
— Oh, vous savez, lui dis-je, – anticipant toute demande sonnante et trébuchante, lui souriant à mon tour – , j’ai toujours trouvé suspecte toute notion de hiérarchie entre les êtres, à plus forte raison dans le cadre d’une action humanitaire. – Je vis sur son visage un petit rictus en pointe d’interrogation – Plusieurs expériences au sein d’associations m’ont vraiment déçu, continuais-je, justement à cause de ce schéma de décideur-exécutant dont personne ne sait plus se passer: nous ne savons plus qu’exécuter des ordres ou en donner, lui dis-je en appuyant bien sur chaque syllabe. Et plus grande est la structure, comme l’est Greenpeace, plus criante est cette vérité qui fait du bénévole ou de l’adhérent un obscur exécutant, à moins qu’il ne fasse partie des personnes décisionnaires.
En lui disant cela, resurgissait à ma mémoire ce directeur d’association, – qui n’oublia pas de me rappeler son titre à plusieurs reprises – , à qui je me présentais pour être bénévole, – aide aux personnes âgées – , me recevant très ostensiblement, affalé sur son beau fauteuil, la trentaine, visiblement peu emballé de me voir débarquer. Je compris un peu mieux son comportement lorsque je vis deux belles jeunes filles vaquer à leurs occupations, visiblement des bénévoles. Sa posture me mit tout de suite mal à l’aise. J’attendais pour le moins de la part de ce dirigeant d’une association humanitaire un peu plus d’humilité ! Il va sans dire que je n’ai jamais donné suite ! Hélas, d’autres expériences au sein d’associations n’ont pas été plus heureuses : amateurisme, voire incompétence des bénévoles aussi bien que des salariés, et donc argent public jeté par les fenêtres, bénévoles utilisés pour faire le travail des salariés de la structure, individus sans grade au sein de leur activité professionnelle prenant leur revanche en tant que chefs dans de telles entreprises à portée humanitaire. La dernière association à laquelle j’allais me décider à pousser la porte fut celle des restos du cœur à Montreuil avant que je n’entende aux informations télévisées de 20h que son directeur avait feint une attaque antisémite sur sa personne. Je ne doutai pas cependant que les bénévoles travaillant pour cette association ne fussent de braves personnes, mais je me dis que les associations n’étaient décidément pas faites pour moi.
— Vous savez, continuai-je devant mon interlocuteur semblant intéressé, toutes formes de récompenses m’ont toujours parues suspectes; ainsi les grades, les distinctions, les titres honorifiques, les félicitations, les médailles sont autant de façons de soumettre autrui, de l’attacher aux valeurs essentiellement matérielles et rationalistes du monde*². Entre autre, je n’ai jamais trop bien apprécié qu’on note annuellement mon travail, comme la loi l’exige, qu’on me dise, — c’est bien, Jean, continue comme ça — avec la grosse carotte de l'augmentation de salaire en filigrane. J’ai toujours fait du mieux que je pouvais par conscience, et non pour recevoir des félicitations, dont j’en soupçonnais trop bien le réel but. Bien sûr, j’ai connu des responsables admirables et plein d’humilité, mais si peu, et de toute façon cela n’enlève rien au fait que toutes les différences marquées au fer rouge et déterminant la position sociale entre nous humains ne sont pas saines. Nous devrions plutôt songer à les gommer !
Mon interlocuteur interloqué esquissa un sourire, me conseilla d’aller consulter – non pas un docteur – mais le site de Greenpeace sur Internet, chose que je fis dès mon retour, sur quoi je lui proposais de jeter un coup d’œil sur le blog du prophète Michel :" www.michelpotayblog.net" qui a reçu en 1974 la visite de Jésus Christ et en 1977 celle de Dieu dont est issu le livre « la Révélation d’Arès », venant rappeler à l’humanité que le monde doit changer et que le christianisme n’a jamais commencé, – échange de bons procédés – .
Ce que je lus sur Greenpeace en grattant un peu fut à la hauteur de mes soupçons,– sans parler des dérives personnelles de quelques dirigeants et de fuites d’argent – à savoir, “une structure pyramidale où tout se décide en haut, exactement comme dans un camp militaire” selon un ancien directeur Greenpeace Norvège, Bjorn Oekern, laissant peu d'autonomie aux militants de base. Après coup, j’aurais voulu lui dire que j’approuvais leurs actions pour leur insurgence, mais qu’elles restaient du domaine écologique et parfois humanitaire, et que l’écologie comme l’humanitaire tout en étant mieux que rien étaient comme des cautères sur une jambe de bois, n’empêchant en rien les inégalités entre humains de persister, les guerres de tuer, les gouvernants d’états de décider d’affamer tout un peuple en instituant des embargos dans le seul but d’éliminer les gouvernants adverses...
Je suis reparti sans le livre, pas en stock, l’ai commandé, — faudra revenir demain, m’a t-on rétorqué — , pourtant sur leur site il était disponible, – à l’heure du tout internet, vous avouerez ! – , chemin inverse, rue Rambuteau, charcuterie, gros steak en vitrine qui me fait baver, bars, boulangeries, trottoirs étroits,— pardon jeune homme —, j’évite la crotte, il s’en est fallu de peu, je contourne le gobelet de la vieille édentée assise parterre – la misère s’étale de plus en plus sur les rues de Paris –, cette fois-ci je ne tourne pas à gauche boulevard de Sébastopol, je pousse deux cents mètres plus loin jusqu’à croiser la rue des Archives dans laquelle je m’engouffre en prenant à gauche, un chien m’agrippe, met ses deux pattes sur ma cuisse, – il veut sympathiser, je me dis en moi-même –, — excusez-moi, monsieur — me dit sa maîtresse en tirant un coup sec sur la laisse sans lever la tête, puis disparaît, bijouteries fantaisies, ventes en gros, le musée de la chasse et de la nature, des cours entrevues d’hôtels privés ruisselant de luxe derrière les grandes portes cochères entr’ouvertes dignes des derniers rois, puis un dédale de minuscules ruelles, la place de la République en vue, la bouche de métro qui m’avale, je descends, les mêmes sourires affables collés sur les murs, un marchand ambulant, 3 avocats, quelques pommes, raisin, — monsieur, c’est qualité, goûtez —, le quai, j’attends, un clochard, pantalon baissé jusqu’aux genoux, il marmonne, voilà la rame, je monte, les mêmes smartphones collés sur les yeux, la même voix toujours réjouie qui annonce les stations : « Buzenval…Maraîchers….Porte de Montreuil ». A chaque arrêt je tourne machinalement mon regard vers les grandes affiches publicitaires sans les voir tout en songeant qu’il doit y avoir tant de causes profondes différentes pour lesquelles des gens adhèrent à un mouvement que je ne suis pas sûr de la réelle cohésion de tous ses membres, qui me dit que la colère ou même la haine ne motive pas un certain nombres des membres de Greenpeace, enfin, Mairie de Montreuil, les portes s’ouvrent automatiquement, je descends, je suis roulé dans le flot compact puis par l’escalator, je sors, je remonte la longue avenue vers mon domicile, je suis exténué, les dernières marches de l’escalier, 3eme étage, je reprends mon souffle tout en sortant mon trousseau de clefs de ma poche, j’entre, mes jambes sont lourdes, plus lourdes que si j’avais marché mes 4 à 5 heures dans les ballons des Vosges ou dans les Pyrénées, 14h, je m’affale, j’ai faim, dehors il pleut dru maintenant….
— Bonjour Monsieur, connaissez-vous Greenpeace ? me demanda un jeune homme avec un beau et franc sourire devant l’entrée des Halles.
— Oh, vous savez, lui dis-je, – anticipant toute demande sonnante et trébuchante, lui souriant à mon tour – , j’ai toujours trouvé suspecte toute notion de hiérarchie entre les êtres, à plus forte raison dans le cadre d’une action humanitaire. – Je vis sur son visage un petit rictus en pointe d’interrogation – Plusieurs expériences au sein d’associations m’ont vraiment déçu, continuais-je, justement à cause de ce schéma de décideur-exécutant dont personne ne sait plus se passer: nous ne savons plus qu’exécuter des ordres ou en donner, lui dis-je en appuyant bien sur chaque syllabe. Et plus grande est la structure, comme l’est Greenpeace, plus criante est cette vérité qui fait du bénévole ou de l’adhérent un obscur exécutant, à moins qu’il ne fasse partie des personnes décisionnaires.
En lui disant cela, resurgissait à ma mémoire ce directeur d’association, – qui n’oublia pas de me rappeler son titre à plusieurs reprises – , à qui je me présentais pour être bénévole, – aide aux personnes âgées – , me recevant très ostensiblement, affalé sur son beau fauteuil, la trentaine, visiblement peu emballé de me voir débarquer. Je compris un peu mieux son comportement lorsque je vis deux belles jeunes filles vaquer à leurs occupations, visiblement des bénévoles. Sa posture me mit tout de suite mal à l’aise. J’attendais pour le moins de la part de ce dirigeant d’une association humanitaire un peu plus d’humilité ! Il va sans dire que je n’ai jamais donné suite ! Hélas, d’autres expériences au sein d’associations n’ont pas été plus heureuses : amateurisme, voire incompétence des bénévoles aussi bien que des salariés, et donc argent public jeté par les fenêtres, bénévoles utilisés pour faire le travail des salariés de la structure, individus sans grade au sein de leur activité professionnelle prenant leur revanche en tant que chefs dans de telles entreprises à portée humanitaire. La dernière association à laquelle j’allais me décider à pousser la porte fut celle des restos du cœur à Montreuil avant que je n’entende aux informations télévisées de 20h que son directeur avait feint une attaque antisémite sur sa personne. Je ne doutai pas cependant que les bénévoles travaillant pour cette association ne fussent de braves personnes, mais je me dis que les associations n’étaient décidément pas faites pour moi.
— Vous savez, continuai-je devant mon interlocuteur semblant intéressé, toutes formes de récompenses m’ont toujours parues suspectes; ainsi les grades, les distinctions, les titres honorifiques, les félicitations, les médailles sont autant de façons de soumettre autrui, de l’attacher aux valeurs essentiellement matérielles et rationalistes du monde*². Entre autre, je n’ai jamais trop bien apprécié qu’on note annuellement mon travail, comme la loi l’exige, qu’on me dise, — c’est bien, Jean, continue comme ça — avec la grosse carotte de l'augmentation de salaire en filigrane. J’ai toujours fait du mieux que je pouvais par conscience, et non pour recevoir des félicitations, dont j’en soupçonnais trop bien le réel but. Bien sûr, j’ai connu des responsables admirables et plein d’humilité, mais si peu, et de toute façon cela n’enlève rien au fait que toutes les différences marquées au fer rouge et déterminant la position sociale entre nous humains ne sont pas saines. Nous devrions plutôt songer à les gommer !
Mon interlocuteur interloqué esquissa un sourire, me conseilla d’aller consulter – non pas un docteur – mais le site de Greenpeace sur Internet, chose que je fis dès mon retour, sur quoi je lui proposais de jeter un coup d’œil sur le blog du prophète Michel :" www.michelpotayblog.net" qui a reçu en 1974 la visite de Jésus Christ et en 1977 celle de Dieu dont est issu le livre « la Révélation d’Arès », venant rappeler à l’humanité que le monde doit changer et que le christianisme n’a jamais commencé, – échange de bons procédés – .
Ce que je lus sur Greenpeace en grattant un peu fut à la hauteur de mes soupçons,– sans parler des dérives personnelles de quelques dirigeants et de fuites d’argent – à savoir, “une structure pyramidale où tout se décide en haut, exactement comme dans un camp militaire” selon un ancien directeur Greenpeace Norvège, Bjorn Oekern, laissant peu d'autonomie aux militants de base. Après coup, j’aurais voulu lui dire que j’approuvais leurs actions pour leur insurgence, mais qu’elles restaient du domaine écologique et parfois humanitaire, et que l’écologie comme l’humanitaire tout en étant mieux que rien étaient comme des cautères sur une jambe de bois, n’empêchant en rien les inégalités entre humains de persister, les guerres de tuer, les gouvernants d’états de décider d’affamer tout un peuple en instituant des embargos dans le seul but d’éliminer les gouvernants adverses...
Je suis reparti sans le livre, pas en stock, l’ai commandé, — faudra revenir demain, m’a t-on rétorqué — , pourtant sur leur site il était disponible, – à l’heure du tout internet, vous avouerez ! – , chemin inverse, rue Rambuteau, charcuterie, gros steak en vitrine qui me fait baver, bars, boulangeries, trottoirs étroits,— pardon jeune homme —, j’évite la crotte, il s’en est fallu de peu, je contourne le gobelet de la vieille édentée assise parterre – la misère s’étale de plus en plus sur les rues de Paris –, cette fois-ci je ne tourne pas à gauche boulevard de Sébastopol, je pousse deux cents mètres plus loin jusqu’à croiser la rue des Archives dans laquelle je m’engouffre en prenant à gauche, un chien m’agrippe, met ses deux pattes sur ma cuisse, – il veut sympathiser, je me dis en moi-même –, — excusez-moi, monsieur — me dit sa maîtresse en tirant un coup sec sur la laisse sans lever la tête, puis disparaît, bijouteries fantaisies, ventes en gros, le musée de la chasse et de la nature, des cours entrevues d’hôtels privés ruisselant de luxe derrière les grandes portes cochères entr’ouvertes dignes des derniers rois, puis un dédale de minuscules ruelles, la place de la République en vue, la bouche de métro qui m’avale, je descends, les mêmes sourires affables collés sur les murs, un marchand ambulant, 3 avocats, quelques pommes, raisin, — monsieur, c’est qualité, goûtez —, le quai, j’attends, un clochard, pantalon baissé jusqu’aux genoux, il marmonne, voilà la rame, je monte, les mêmes smartphones collés sur les yeux, la même voix toujours réjouie qui annonce les stations : « Buzenval…Maraîchers….Porte de Montreuil ». A chaque arrêt je tourne machinalement mon regard vers les grandes affiches publicitaires sans les voir tout en songeant qu’il doit y avoir tant de causes profondes différentes pour lesquelles des gens adhèrent à un mouvement que je ne suis pas sûr de la réelle cohésion de tous ses membres, qui me dit que la colère ou même la haine ne motive pas un certain nombres des membres de Greenpeace, enfin, Mairie de Montreuil, les portes s’ouvrent automatiquement, je descends, je suis roulé dans le flot compact puis par l’escalator, je sors, je remonte la longue avenue vers mon domicile, je suis exténué, les dernières marches de l’escalier, 3eme étage, je reprends mon souffle tout en sortant mon trousseau de clefs de ma poche, j’entre, mes jambes sont lourdes, plus lourdes que si j’avais marché mes 4 à 5 heures dans les ballons des Vosges ou dans les Pyrénées, 14h, je m’affale, j’ai faim, dehors il pleut dru maintenant….
10 octobre 2020
*¹ « La révélation d’Arès » Michel Potay, édition Adira (www.adira.net)
*² « Attitude que j'ai toujours eue et retrouvée dans le propos émargé par Frère Michel: chap II/7-8 de la révélation d’Arès, première révision, Juin 2009 »
*² « Attitude que j'ai toujours eue et retrouvée dans le propos émargé par Frère Michel: chap II/7-8 de la révélation d’Arès, première révision, Juin 2009 »
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